Les 3 roi-mages
Je précise qu'en aucun cas, je me moque de cette croyance. J'essaie simplement d'avoir une vision historique de la chose et ainsi rappeler qu'il faut, dans bien des religions, ne pas être à cheval sur les textes mais plus sur leurs ressentis et le message globale. J'espère en tout cas, que ce bouillon de cultures vous plaira.
En cette période de Noël, tournons-nous vers la période de la Nativité. Si vous avez reçu une éducation chrétienne ou si vous vous êtes cultivé sur le sujet, vous savez que trois roi-mages, Gaspard, Melchior et Balthazar, vinrent rendre hommage au divin enfant en lui remettant des présents que sont de l'or, de la myrrhe et de l'encens. Si vous croyez à cela, j'espère que vous n'êtes pas un chrétien à cheval sur les écrits canoniques criant haro sur les écrits apocryphes. Car il y a pas mal d'éléments apocryphes qui sont venus se greffer dans cette croyance. Personnellement, n'étant pas croyant, je me moque de la distinction canonique et apocryphe. Mais je ne peux m'empêcher de rire quand une personne rejette certains textes car considérés comme non canonique mais qu'ils croient aux 3 roi-mages.
Déjà, rassurez-vous honoré lecteur, une partie est belle et bien canonique. C'est dans l'Évangile de Matthieu que cette scène est évoquée et dans cette évangile seulement. Il parle de μάγοι ( à prononcer magoï ) qui signifie des "mages/sages", qui sont venus de l'Orient pour rendre hommage au divin enfant et lui remettre de l'or, de la myrrhe et de l'encens. Notons déjà qu'il n'est nullement mention de royauté. Celle-ci est apparue dans les écrits de Tertullien au IIIe siècle après Jésus-Christ, bien après donc. D'ailleurs, ce dernier les appella "feres reges" que l'on peut traduire par "presque/quasiment roi". Donc là encore, ils n'étaient pas encore vraiment considérés comme "roi-mage". C'est finalement la tradition et le temps qui effaca le "presque" pour se transformer pleinement en roi-mage (vous comprenez, c'est plus classe).
Deuxième observation, il n'y a jamais fait mention de nombre. On sait qu'il a reçu des présents sous trois formes (or, myrrhe et encens) mais cela ne veut en aucun cas dire qu'il n'y avait que trois roi-mages. C'est Origène, un homme du IIe siècle après JC qui décréta dans ses "Homélies sur la Génèse" qu'ils seraient trois en faisant le parallèle notamment aux trois personnages venu voir Isaac lors de la reconciliation (Abimélech, Ochozath et Phicol). Cependant, cela fut assez fluctuant. Au XIIe, un homme nommé Michel le Syrien recensa les différentes traditions orientales chrétiennes et remarqua notamment dans la prophétie de Michée, un nombre de 8 roi-mages et dans la tradition perse et asiatique un nombre de 12 roi-mages. Mais bon, comme d'habitude pour l'Église Catholique Romaine, ce qui compte, c'est ce qui se croit en Europe et donc on a gardé le nombre de 3 mais c'est assez arbitraire.
Puis vient enfin le nom. Car jusqu'à maintenant, ils ne sont nommés nulle part. Leurs noms semblent apparaitre qu'au VIe siècle après JC. On trouve ainsi pour la première fois leur nom dans l'Évangile apocryphe : "Évangile arménien de l'Enfance" qui les appelle Balthazar, Melkon et Gathaspar. Des fouilles au nord du delta du Nil permirent de découvrir un graphite peint de la fin du VIIe siècle qui propose les noms de « Gaspar, Belkhiōr et Bathēsalsa ». C'est finalement dans "Excerpta Latina Barbari", ouvrage européen du VIIIe siècle qu'on les appellera Gaspard, Melchior et Balthazar.
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