La reine d'Angleterre et les animaux
La reine ou le roi d'Angleterre règne sur un large territoire (bien plus large que la simple Angleterre) et compte d'innombrables sujets, tous loyales à la couronne britannique. Cependant, parmi les sujets de Sa majesté, il n'y a pas que des humains. Grâce au jeu d'anciennes lois jamais révoquées et donc toujours en activité, certains animaux sont considérés comme "royaux" et donc propriétés de la couronne.
Tradition du XIIe siècle, formalisée au XIVe par le roi Edouard IV en 1482, tous les cygnes sauvages du royaume sont propriétés du monarque. Cela vient de l'époque où le cygne était un mets rare et délicieux, autrement dit, un mets digne d'un roi seulement. Et pour s'assurer que de vils chasseurs ne les touchent pas, ils ont été déclaré royaux. Ainsi, toute attaque contre eux sera considéré comme une attaque contre un bien de la couronne, acte sévèrement puni. De par cette loi, le monarque détient le titre franco-anglais de "Seigneur of the Swans" ou seigneur des cygnes en français. De nos jours, la reine n'utilise ce droit que pour les 88 cygnes de la Tamise. Comment sais-je qu'il y en a 88 ? Tout simplement car chaque année a lieu une cérémonie s'étalant sur 5 jours nommée Swan Upping qui vise à recenser et marquer les cygnes royaux de la Tamise. Tout cela est sous la responsabilité du "Swan marker", en costume évidemment.
Mais les cygnes ne sont pas les seules "biens" royaux dont disposent le monarque sur le règne animal. Un loi de 1324 d'Edouard II toujours en vigueur énonce que tous les esturgeons, marsouins, dauphins et baleines du royaume sont des poissons royaux. Avant toute vente, on doit d'abord vérifier que le monarque n'en veut pas et demander l'autorisation à la souveraine pour la vente. Ce n'est pas une loi anecdotique, en 2004, un pécheur a eu le droit à une enquête de police et risqua 6 mois de prison et £5000 d'amende pour avoir vendu un esturgeon péché vers les côtes du Pays de Galles £650 sans autorisation. En 2007, le gouvernement écossais avait réaffirmé, "au nom de la couronne", son droit "de revendiquer toutes baleines échouées et trop grandes pour être tractées par un chariot tiré par six bœufs". Donc non, c'est du sérieux.
En outre, en Écosse, le "Crown Estate" (l'organisme de gestion des biens de la couronne, aujourd'hui entre les mains de l'État) possède également le droit sur la pêche au saumon dans la plupart des rivières, ainsi que tous les crustacés sauvages de ses côtes…
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