Au comptoir du savoir

Disclaimer:

J'insiste sur le fait que ces savoirs ont été valables lorsque je les ai écrit mais que depuis, ils ont pu changer.

Des jeux de cartes comme monnaie

De nos jours, avec les chèques, les cartes bancaires et les virements, rendus possibles via les comptes en banque, les besoins en monnaie ont été largement simplifiés. Plus besoin d'avoir un gros stock de monnaie, de différentes valeurs, pour faire l'appoint. Les pièces et les billets n'étant pas divisible à souhait, quand on nous demande des pièces sonnantes et trébuchantes, il y a toujours cette difficulté de faire l'appoint, qui embarrasse l'acheteur à avoir la somme exacte ou le vendeur à racler les fonds de tiroir pour rendre la monnaie. Heureusement, on a plusieurs alternatives aujourd'hui avec la monnaie scripturale (des nombres virtuels sur des comptes en banque) mais ça n'a pas toujours été le cas. 

De même, aujourd'hui, on est aussi habitué à une monnaie fiduciaire (basée sur la confiance et la reconnaissance d'une valeur nominale par une autorité ou la société, plus que par sa valeur intrinsèque).  Aujourd'hui, le papier et la coût de fabrication du billet de 500€ ne coûte pas 500€ mais on lui reconnait cette valeur. De même que les pièces de 1 à 2 centimes coûtent 3 centimes à fabriquer. Mais comme c'est écrit dessus et que le système s'en porte garant, alors on fait confiance et on accepte que ce papier ou cette pièce ait la valeur écrite dessus. Mais là encore, ça n'a pas toujours été le cas. 

Pendant longtemps, on utilisait des métaux plus ou moins précieux comme monnaie. Il nous fallait donc avoir la bonne quantité de métaux pour faire l'appoint et même si ils étaient frappée du sceau d'une autorité et reconnu par le système, on lui reconnaissait une valeur intrinsèque qui était celui de l'or, de l'argent, du bronze... Youhou, super cours d'économie mais du coup, le savoir du jour ? Bah le soucis est que les pièces ne sont pas divisibles et il faut avoir les bonnes quantités et ça, ça peut poser problème, surtout dans des territoires éloignées ou isolées où il peut y avoir une réelle pénurie d'argent. À la fin du XVIIe siècle, en Nouvelle France (au Canada notamment), il y avait une grande pénurie de monnaie. En hiver, le gel engendre l'absence de navires commerciaux, ce qui ne fluidifie absolument pas l'échange de monnaie et l'arrivée d'argent de la France.  De nombreuses personnes pauvres s'y installent dans l'espoir d'une nouvelle vie, d'un nouveau départ mais ça ne contribue pas à apporter de la monnaie. De même, des soldats y sont envoyés  mais encore faut-il les payer. La situation est tendue et en 1685, l'intendant  de la justice, police et finances en Canada, Acadie, Isle de Terre Neuve et autres pays de la France septentrionale, Jacques de Meulles, n'a de fonds pour payer ni les fonctionnaires coloniaux ni les troupes... et ils doivent bien être payer pour que le système tourne... que faire ?! Il eut alors l'idée de réquisitionner toutes les jeux de cartes et décida d'en faire une monnaie temporaire, de nécessité. Il écrivit ainsi au dos des cartes une valeur, 4 livres pour une carte entière, 2 livres pour des demi-cartes, et 15 sous pour un quart de cartes, les signa avec le trésorier de la zone et y apposa son sceau officiel. Il prit également une ordonnance pour forcer les commerçants à les accepter, les assurant qu'il les convertira en monnaie physique quand il pourra. C'était d'une certaine façon, une reconnaissance de dette. De là est né la monnaie de carte et est la première monnaie fiduciaire de France et de l'Amérique du Nord, 5 ans avant la naissance du papier-monnaie (qui deviendra les billets que l'on connait aujourd'hui). Le système se poursuivit jusqu'à la chute de la Nouvelle France.

Ainsi les premiers billets étaient des cartes de jeu, hé bien...

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