La minute de silence
Alors qu'on célébrait le 8 mai hier, fête commémorative de l'armistice de l'Allemagne, une minute de silence a été observée dans toutes les cérémonies de France conformément au protocole. Mais savez-vous d'où vient cette minute de silence ?
Nous sommes le 11 novembre 1918, l'armistice est signé , la Grande Guerre est enfin terminée, la liesse s'empare des Alliés. Partout de grandes célébrations et de fêtes jaillissent dans les rues, les parcs ; la foule est enthousiaste et crie sa joie. Elle salua son armée, ses dirigeants, enfin nous allons pouvoir tourner la page de cette guerre qui a causé tant de ravages, finit les soldats, finit les bombes, finit la peur qui vous tord le ventre. Célébrons cela ! Sauf que ce n'est pas du goût d'un certain nombre de personnes, notamment Edward Georges Honey, un journaliste australien et ancien combattant de l'armée britanique. Ce dernier souhaite plus de sobriété et de solennité pour cet événement tragique qui a endeuillé tant de familles et causé tant de désolation. Combien sont tombés pour en arriver là ? En mai 1919, alors que se prépare le premier anniversaire de l'armistice, il publie une lettre ouverte dans le London Evening News où il préconise aux autorités un temps de recueillement silencieux. Il veut notamment remplacer les prières pour y inclure tous les athées et agnostiques dans ce mouvement national. Il plaide pour 5 minutes, mais on juge cela trop long tandis qu'une minute parait trop court. Sir James Percy FitzPatrick propose à George V, roi du Royaume-Uni, 2 minutes, symboliquement une minute pour les morts et une minute pour les survivants. Le roi rendit ce temps officiel le 7 mai 1919. Cette tradition fut reprise dans tout le monde anglophone.
En France, le Parlement vote une loi de célébration le 25 octobre 1919 impliquant sonneries et coups de canon mais pas de minutes de silence. Il faudra attendre 1922 pour que la minute de silence s'ajoute. En France, il s'agit bel et bien d'une minute et non deux comme au Royaume-Uni, d'où son nom français, là où les anglais parlent de Moment of silence, moment étant une durée plus vague. Cela veut-il dire qu'on n'honore pas les survivants ? Absolument pas. Le protocole français est issu d'une tradition différente de nos amis outre-manche. En France, toute cérémonie commémorative suit trois principes :
- Honorez les vivants puis les morts : l’accueil des emblèmes nationaux et des autorités, les revues des troupes, les remises de récompenses et de décorations, puis les allocutions officielles, précèdent l’honneur aux morts.
- Ne pas parler après les morts : les allocutions officielles doivent précéder les dépôts de gerbes, l’appel aux morts et la minute de silence.
- Ne pas parler à la place des morts : aucune parole, aucun discours ne doivent interrompre la minute de silence. Les honneurs aux morts terminent une cérémonie commémorative.
La politesse républicaine veut qu'on termine par une Marseillaise et par féliciter les décorés et remercier les portes drapeaux. Une exception est la ville de Paris qui, notamment lors des cérémonies de ravivage de la Flamme sous l’Arc de Triomphe, honore d'abords les morts et ensuite les vivants.
Tweet