Colma, the City of Souls

Notre voyage nous emmène en Californie, à Colma, une charmante bourgade de 1800 habitants et de 5km². À 15 km au sud de San Francisco, cette ville a toutefois quelque chose de particulier (forcément, sinon je n'en parlerai pas). Elle est certes constituée de 1800 habitants mais elle héberge pas moins de 2 millions d'âmes, soit un ratio de 1000 âmes par habitant. La ville est en réalité une nécropole, la seule nécropole, c'est-à-dire de ville cimetière, officielle des États-Unis. La ville est majoritairement constitué de cimetières, 73% de son territoire et son économie tourne essentiellement autour de cette activité, pompes funèbres, marbrerie. Tout cela lui valut le surnom de City of Souls, la ville des âmes. La devise de la ville est humoristiquement : c'est bon d'être vivant à Colma. Mais comment cela se fait-il ? 

En 1880, la ruée vers l'or en Californie a fait explosé le prix de l'immobilier à San Francisco. Les cimetières, c'est de l'espace perdu, même si c'est nécessaire. Cela prend de la place, ça ne rapporte pas tant d'argent alors qu'on peut se faire tellement de dollars avec des gratte-ciels. La municipalité et les entrepreneurs étaient plus enclin à la construction de logements et de bureaux que de cimetières. À dire vrai, dès 1900, tout nouvel enterrement est interdit car on ne voulait pas étendre les cimetières existantes. En 1912, elle cherche même à déplacer ces tombes ailleurs. Des entrepreneurs ont senti le filon, faut voir qu'à chaque sépulture, la ville et les commerces gagnent des sous. Colma accueillit bon nombre de sépultures pour San Francisco. Elle devint la ville de référence en la matière et ça arrangeait tout le monde. Mais à force de corps transportés, les riverains pourraient vouloir autres choses pour leur ville, un changement politique pouvait arriver, ça serait terrible si on devait de nouveau redéplacer les corps car Colma n'en voulait plus. Pensez aux familles et tout. Dans ce soucis, la ville modifia ses statues et se décréta officiellement nécropole en 1924. Fort de ce déplacement massive, San Francisco put voter l'interdiction de cimetières dans les limites de la ville en 1937. Depuis les cimetières de Colma n'ont fait grossir jusqu'à atteindre ce nombre de 2 millions. 

Pour information, il y a même un cimetière pour animaux.